de Nathalie Sarraute

Du 6 au 24 mai 2003
Du 28 octobre au 15 novembre 2003
Espace Libre

 

IMAGINEZ ...!
Y a pas plus inquiétant.
T a pas plus réel.
Y a pas plus comique.


Imaginez un contretemps, mais anodin. Quelqu'un, en société, brise pendant ... (oh, trente secondes ?) le fil de la conversation. Imaginez alors que les victimes de son silence se mettent à exprimer la profusion de sentiments, de soupçons, d'images et surtout de sensations surgis durant ces trente petites secondes. En fait, ils disent ce qu'ils pensent. Tout ce qu'ils pensent et ne disent jamais. Voilà bien la violente menace de ce théâtre qui, en disant tout haut ce que l'on pense tout bas, débusque l'intolérance, le totalitarisme, le terrorisme.

Y a pas plus inquiétant que ces « tropismes » de Nathalie Sarraute.

Imaginez ensuite que ces dires sont ressentis, revendiqués en quelque sorte par des adultes consentants, quatre femmes et trois hommes. Et c'est la rumeur interne du monde qui se met en branle dans la peau d'artistes qui sont faits pour montrer ça. Ce qu'on ne voit jamais, pas plus au théâtre que dans la vie. Nulle action utilitaire, rien de bien significatif. Mais que d'intimité (cette invention de Montaigne) dans leurs pulsions corporelles, dans toutes leurs manières d'être, d'occuper ou de parcourir leur dû d'espace et de temps !

Y a pas plus réel que ce court présent mis en présences, étalé en spectacle par Omnibus.

Imaginez maintenant donc la mise en œuvre de « tout ce qui ne ment pas », au dire du grand Henri Michaux, « comment on rit, comment on se fâche, comment on marche, comment on fait signe, comment on commande, et comment on obéit, les intonations, les voix, les attitudes, les réflexes. » Comment, comment, comment. Enfin! On n'assiste pas à un tel spectacle les yeux fermés, en consommateur. Les sens aux aguets, on entend et on voit, en détail et grossie à l'extrême, cette chose, le for intérieur.

Y a pas plus comique que LE SILENCE de Nathalie Sarraute vu par Omnibus,
L'ACTE ET LE VERBE.

 

Avec : Jean Asselin, Caroline Binet, Manon Brunelle, Catherine De Sève,
Jacques E. Le Blanc, Mariane Lamarre (deuxième version), Christian LeBlanc, Marie Lefebvre (première version)
Maîtrise d’œuvre : Jean Asselin
Scénographie et costumes : Sylvain Paveau
Assistante aux costumes : Roxane Chamberland
Musique originale : Bernard Bonnier, remixée par DJ Chirurgie
Lumières : Stéphane Jolicoeur
Régie : Manon Bouchard (première version), Colette Drouin (deuxième version)
Direction technique : Régis Guyonnet


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